Pierre Morvilliers

auteur

 

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Extrait de
À la poursuite du nirvana obstinément :
(Le dogue tibétain de Katmandou)
 

« La mousson les avait chassés vers le nord. Lui, pour sa part, était ravi de se rapprocher de Rishikesh et ses ashrams ; elle, en revanche, avait besoin de mettre un peu de distance entre elle et l’Inde, sa Mère l’Inde. Mother India disait-elle en riant. Il devait comprendre pourquoi plus tard. Lui, confessait que l’Inde c’était son Père. La spiritualité de l’Inde, l’attrait pour le sous-continent indien et l’Asie en général lui venait de son père, dont le continent asiatique avait aujourd’hui pris la figure tutélaire. Cela la faisait rire.

 

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Extrait de Aller sans retour pour Tanger :

 

« Un soir, Azrur, la tête pleine de kif, se raconte.

Il dit :

Tu ne sais rien, si tu n’as pas vécu ça... J’étais un enfant. J’avais dix ans. Un jour mon père de retour de la foire en ville à Laâyoune, ramena une petite chienne sloughi. Connais-tu les sloughis ? Si tu ne connais pas les sloughis, tu ne connais pas la grâce et la beauté d’un animal. Vous les appelez les lévriers orientaux ou les lévriers du désert, je crois. Certains sont de vrais tueurs : on les dresse pour la chasse au faucon, à cheval. D’autres sont destinés à garder les troupeaux. Chiens de bergers, ils sont. »

 

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Extrait de
Aujourd’hui je n’attendais personne
(Les vielleurs)

 

Marie-Charlotte (moi) est boulotte mais elle n’est pas sotte ! J’étais folle de rage quand Enguerrand m’a soutenu ça. Mais non ! Pas que j’étais sotte, idiote ! Allô ? Tu m’écoutes ? À propos de la place des Vosges ! Enfin, tout de même, la place des Vosges, c’est bien dans l’est de Paris, non ? Si l’on n’y rencontre pas le vrai peuple, où est-ce que nous allons bien pouvoir aller le dénicher ? Et ne voilà-t-il pas qu’Enguerrand me dit tout à trac, Ma pauvre Maricha (Maricha, c’est moi, Marie-Charlotte) si vous vous imaginez que vous allez rencontrer le peuple place des Vosges... Vous êtes complètement à côté de la plaque !

 

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Extrait de

Aujourd’hui, Jacob n’écrit plus

 

« Un, deux, trois, aujourd’hui je bois. »

La rime est pauvre ; elle le sait ; elle s’en fout. Elle attaque les premières marches qui la remonteront à son sixième étage. Pour s’aider dans l’ascension de son Everest, elle fredonne cette comptine arrangée à sa façon : « Un, deux, trois, aujourd’hui je bois. » Oui, aujourd’hui elle boit. Pourquoi ne boirait-elle pas ? Et comment s’en irait-elle au bois ? Il n’y a pas de bois par ici ; ou alors si loin ; ou il y a si longtemps, que l’on ne sait pas –

 

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Extrait de

Ne m’attends pas, mange pendant que c’est chaud:

Elle ne savait sur quel fil tirer. Afin de démêler leurs liens. La pluie découpait les lumières de la ville. Déchirait les grandes baies vitrées derrière lesquelles ils s’apprêtaient à dîner.

Il lui demanda de l’excuser. Se mit en quête des toilettes pour y dissimuler sa nervosité. La laissant seule. Pensive.

Y avait-il d’ailleurs quelque chose à détortiller dans leur liaison ? Une histoire simple finalement, aussi compliquée que toutes les histoires simples.

Elle essaya de fixer son attention sur la carte. Elle sourit des menus sans indication de prix. Usage d’un autre monde, d’un autre âge. Évidemment, elle ne paierait pas.

Elle était invitée.

Il l’avait invitée.

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Extrait de

« Les pinces japonaises » :

Il était nu à plat ventre sur ce qu’il pensait être un canapé de cuir défoncé. Les genoux à terre. Les bras liés ensemble dans le dos par ces cordes de chanvre à l’odeur si particulière. Végétale et animale ; repoussante et entêtante tout à la fois.

Étrange et excitante.

Quand il sentit une main froide et gluante s’introduire entre ses fesses et le forcer lentement, il comprit qu’il était à la merci de son prédateur et que le plus dur restait à venir. Il gémit doucement, regrettant de s’être mis dans cette situation irréversible. Trop tard pour reculer et s’il s’y risquait, il s’empalerait un peu plus sur elle tandis qu’une autre le fouaillerait pour annihiler toute volonté de résistance.

Le bandeau qu’il avait sur les yeux le laissait dans l’ignorance de ce qui se passait. La muselière et la boule de latex qui avaient pris possession de sa bouche étouffaient toute tentative de crier. Comme le tap, le bâillon de liège entre les dents des galériens qui les empêchait de geindre et de parler, afin de mieux entendre les ordres.

Il sentit confusément qu’il risquait de traverser un sale quart d’heure.

 

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Extrait de
« Non, elle ne montera pas au Machu Picchu à dos de mule » :

 « Qui est cette femme qui marche dans les rues ? »

 Sa première pensée fut : si tu dois avaler ton bulletin de naissance (en dénoyautant des prunes) comment aimerais-tu être accompagnée dans la solitude de ton refuge ? Elle songea qu’en ces circonstances, Jeanne n’arrivant pas, elle aurait bien envie qu’une voix lui tînt compagnie. Elle n’entendait plus depuis longtemps celle de son vieil égyptologue de compagnon, Max ; il fallait se rendre à l’évidence. Les choses avaient changé depuis son départ ; depuis la fuite de Bast aussi, le chat abyssin qui l’approuvait en se léchant obstinément l’épaule de sa petite langue râpeuse et rose. Des mois après la disparition de Max sous sa forme humaine, elle savait, quand Bast tendait ses larges oreilles déployées sans cesse à l’écoute, ou la scrutait de son regard mystérieux aux grands yeux énigmatiques vert émeraude, que c’était Max qui l’écoutait et la regardait.

 

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